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Le feu qui couve ...

16 avril 2005

Il y a comme un vent de panique chez les partisans du oui au référendum sur le projet de Traité constitutionnel.

Faut dire que comme la mitraille à Gravelotte, les sondages tombent, et tous pour porter nettement le "Non" majoritaire.

Bien sûr ce ne sont que des sondages, et nous savons ce qu’il convient de penser... N’empêche !

Le dernier en date est peut-être le plus significatif, selon "le Figaro du lundi 4 avril", le "Non" aurait gagné 15 points chez les cadres pendant que le "Oui" en perdait 11, les "ne se prononcent pas" passant de 14 à 10%. Chez les cadres du secteur public, le "Non" serait même devenu majoritaire à 47% contre 42% pour le "Oui".

S’il y a bien une catégorie des salariés qui, depuis longtemps, a été conditionnée, c’est bien celle des cadres. Pas une semaine sans qu’ils ne soient invités à participer à un quelconque colloque, séminaire, « groupe de travail », etc... au cours desquels, à coup de rétro-projecteur, de formules choc calculées au millimètre et de barbarismes bien travaillés, où on ne leur fasse avaler de gré ou de force la pensée unique, avec en prime le vocabulaire qui convient.

On sait que le travail à la chaîne n’est ni valorisant, ni bon pour la santé. La pensée à la chaîne c’est encore pire, car c’est tout bonnement du décervelage. Que les victimes de cette grande opération de « formatage » réagissent, constitue certainement un élément très important d’appréciation de la situation.

Selon le Figaro du 29 mars, les ouvriers voteraient à 76% pour le non, et les « bas salaires » à 71%. Naturellement, ces scores sont plus que significatifs, mais peu surprenants. Depuis le référendum sur le Traité de Maastricht, nous savons que les ouvriers rejettent la politique de l’Union Européenne relayée par les gouvernements successifs. Les cadres, c’est plus nouveau...

Dans ce contexte on comprend mieux l’énervement des partisans du projet de Traité constitutionnel. Les insultes commencent à voler bas. C’en est à peine poli. Mais surtout le mensonge est devenu l’ultime recours. Ainsi la fameuse directive du devenu fameux Frits Bolkestein : retirée ? Pas retirée ? C’est à mourir de rire. D’ailleurs cela n’a aucune importance, car quoi qu’on en dise, elle est de fait contenue dans le projet de Traité constitutionnel (voir art. III 144).

Bien sûr on entend déjà certains juristes éminents (pléonasme) nous expliquer que c’est plus compliqué, parce que ce n’est pas aussi simple.

Ce qui est clair, c’est que le PPO (Principe du Pays d’Origine) est une aberration juridique. Imaginons qu’en matière de conduite automobile on applique ce principe, bonjour les accidents...

Ce qui est vrai pour le Code de la route est aussi valable pour le Code du Travail. Cette volonté de provoquer les accidents ne relève pas d’un quelconque sadisme, c’est un calcul dont l’objectif est la destruction du Code du Travail et de nos statuts. En effet, par définition, si plusieurs règles peuvent s’appliquer simultanément dans le même espace, il n’y a plus de règles du tout.

"Plus de règles contraignantes" rajoutent les patrons qui rêvent tout haut de pouvoir un jour mettre les emplois aux enchères à la baisse sur site internet, le candidat proposant le plus bas salaire étant embauché.

Mais il y a parfois loin de la coupe aux lèvres. La crainte d’un échec du référendum, conjuguée avec la mobilisation importante le 10 mars, oblige le gouvernement et le patronat à quelques concessions. Comment calmer le jeu, éteindre le feu qui couve sans remettre en cause la politique menée depuis plus de 20 ans (juin 1982 : tournant de la rigueur) ? Pour l’instant le gouvernement et le patronat n’ont pas trouvé la réponse. Les petits 0,8 % lâchés aux fonctionnaires constituent plus qu’un encouragement à poursuivre l’action.

Quant au secteur privé, on nage dans l’idéologie corporatiste. Notre Comité Confédéral, à juste titre, a rappelé « son opposition historique à la vieille démarche de l’association capital-travail visant à transcender l’opposition d’intérêt entre travail et capital, entre salariés et actionnaires » et a renouvelé « sa mise en garde contre la substitution que peuvent constituer l’intéressement, la participation et l’actionnariat salarié, par nature aléatoires, inégalitaires et non soumis à cotisations sociales ».

C’est pourquoi nous revendiquons qu’au « niveau des entreprises, toute discussion en la matière soit conditionnée à un accord salarial préalable, permettant la progression du pouvoir d’achat ». Dans ces conditions, il est clair que nous devrons arracher nos augmentations de salaire. Sur ce point, le mandat voté par notre CCN est net : « Si patronat et gouvernement restaient sourds, le CCN confirme qu’il n’hésitera pas à en appeler à une amplification de la mobilisation et appelle d’ores et déjà l’ensemble des salariés à maintenir et conforter leurs revendications (...) En l’absence de réponse concrète le CCN arrête le principe d’une journée de grèves, arrêts de travail et manifestations, interprofessionnels dont la Commission exécutive confédérale du 21 avril prochain décidera des modalités. Confirmant, par ailleurs, son opposition à la suppression d’un jour férié, le CCN demande, solennellement, le retrait de cette décision et n’exclut pas d’organiser la grève, le lundi 16 mai 2005 sur la base de l’ensemble de ses revendications ».

Naturellement, le plus économique serait que le gouvernement et le patronat, prenant en compte la nouvelle situation, viennent à la table des négociations.

Le 21 avril notre Commission exécutive confédérale fera le point.

En attendant évitons de nous disperser dans des opérations de diversion.

Par Patrick Hébert, secrétaire général de l’UD CGT-FO de Loire Atlantique - Editorial de "L’ouest Syndicaliste" N°484 d’avril 2005



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